- Accueil
- Lutte ouvrière n°1987
- Maroc : Des travailleurs en lutte pour leurs droits
Dans le monde
Maroc : Des travailleurs en lutte pour leurs droits
Au Maroc, comme dans tous les pays pauvres, les salaires sont bas et les conditions de travail souvent très dures. Mais cela n'empêche pas des travailleurs de réagir.
Ainsi, à Tiflet, à une quarantaine de kilomètres de Rabat, des travailleurs d'une usine de réparation de chariots élévateurs sont en grève depuis un mois. En effet, le patron de cette petite usine de 30 personnes refuse, depuis l'ouverture de l'entreprise en 1997, de donner aux salariés leur contrat de travail, les fiches de paie et de leur payer les heures supplémentaires. De plus, la plupart n'ont pu prendre aucun des congés annuels auxquels ils ont droit. Pourtant cette entreprise qui travaille pour de nombreuses sociétés étrangères rapporte beaucoup de profits au patron.
Cette situation a entraîné deux journées de grève en juin, pour appuyer les revendications des salariés, qui réclament leurs droits. En même temps, les plus déterminés se sont syndiqués. Le patron a immédiatement licencié les deux responsables syndicaux qui venaient d'être choisis. Devant ce mauvais coup et le refus de céder de la direction, la grève a commencé à la mi-juillet.
Les grévistes, la moitié de l'effectif, campent devant l'entrée de l'usine. Ils attendent que le patron cède, car l'usine ne tourne presque plus, malgré l'arrivée de trois salariés d'une autre entreprise de ce patron. Plusieurs faits leur ont montré que leur grève gênait vraiment le patron. D'abord, celui-ci a essayé d'acheter discrètement certains grévistes, ce que ceux-ci ont rapporté à leurs camarades. Puis, début août, le frère du patron a foncé avec sa voiture sur un petit groupe de grévistes, en blessant plusieurs, dont un gravement. Cela n'a fait que renforcer la détermination des grévistes, qui savent qu'ils ne doivent compter que sur eux-mêmes, d'autant plus que l'inspecteur du travail, contacté, s'est révélé à la solde du patron et refuse d'intervenir. Quant à la police, après l'attaque subie par les grévistes, elle a dit qu'elle menait l'enquête et n'a plus donné de nouvelles.
À l'heure où nous écrivons, la grève dure toujours. Elle montre que les travailleurs peuvent réagir aux mauvais coups de leur direction, lorsqu'ils ont confiance en eux et sont déterminés. Et comme ils le disent eux-mêmes: «C'est nous qui travaillons et c'est le patron qui empoche, il a largement les moyens de céder».