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- Lutte ouvrière n°2048
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Dans les entreprises
Chantiers Aker Yards : Une danse profitable, la valse des actionnaires.
Pour la troisième fois en moins de deux ans, le capital du chantier naval nazairien vient de changer de main. En janvier 2006, il avait été pratiquement donné par Alstom au groupe financier norvégien Aker ASA, l'actionnaire principal du groupe industriel Aker Yards spécialisé dans la construction navale. Dès mars 2007, Aker ASA a revendu ses actions d'Aker Yards en réalisant une confortable plus-value. Le capital s'est alors trouvé morcelé dans différentes banques d'investissement dont aucune ne possédait plus de 10 %. Fin octobre, 39 % de ces actions sont passées entre les mains du Sud-Coréen STX Shipbuilding, un des plus grands groupes de construction navale dans le monde. Les vendeurs font à nouveau une bonne affaire puisque les actions auraient été achetées 38 % au-dessus de leur cours actuel.
Les millions volent ainsi au-dessus de cette entreprise, mais ils ne s'y posent pas. Il y a bien longtemps qu'il n'y a pas eu le moindre investissement digne de ce nom, et tandis que les actionnaires successifs remplissent leurs poches, les salaires sont comme partout en retard et les conditions de travail dégradées.
À propos du rachat actuel, la plupart des commentateurs ont évoqué le possible transfert de savoir-faire vers la Corée du Sud. C'est possible puisque les chantiers européens sont pour le moment les seuls à construire des paquebots, le type de bâtiment qui dégage le plus de valeur ajoutée. Relayé par les syndicats, ce point de vue a trouvé un certain écho parmi les salariés, qui craignent des délocalisations. Mais si le passé récent a montré quelque chose, c'est que la nationalité de l'actionnaire ne fait rien à l'affaire. Ils sont tous assoiffés de plus-value à court terme et, à partir des ex-Chantiers de l'Atlantique, ils ont trouvé de quoi étancher cette soif en des temps records.
Pour les travailleurs, il ne sert à rien de se lamenter sur les intentions réelles ou supposées des nouveaux propriétaires. Les anciens, les nouveaux ou les futurs ont de toute façon des intérêts qui n'ont rien à voir avec ceux du monde du travail. Il s'agit plutôt de faire entendre les revendications sur les salaires et les conditions de travail pour que les richesses créées servent à ceux qui les produisent, et pas aux parasites qui vivent sur le dos de toute la société.