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- Lutte ouvrière n°1709
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Enseignement - La réforme du collège façon Lang : Des intentions, et l'appel au dévouement des personnels, à défaut des moyens nécessaires
Depuis 1975, tous les élèves sont dirigés vers le collège à l'issue de l'école primaire. Plus récemment l'orientation en fin de 5ème a été abandonnée. Elle se fait aujourd'hui en 3ème. C'est ce que l'on nomme " le collège pour tous " ou " collège unique ".
Mais d'unique, ce collège n'a que le nom. Rien de commun entre des collèges paisibles de deux ou trois cents élèves et des établissements aux locaux inadaptés tels les nombreux collèges de plus de 900 élèves. Tout comme ne se ressemblent guère les établissements des beaux quartiers et ceux des quartiers populaires. La quasi-totalité des élèves des premiers accèdent au second cycle général et technologique. Quant aux seconds, une part importante de leurs élèves se dirigent vers l'enseignement professionnel à l'issue de la 3ème, quand ils ne font pas partie de ces 57 000 jeunes qui sortent de cette classe sans aucune qualification. C'est parmi ces adolescents, souvent en retard donc plus âgés, n'apprenant plus grand-chose au fur et à mesure qu'ils passent d'une classe à la suivante, que se développent le sentiment d'échec, la violence et les tensions qui peuvent rendre la vie très difficile à tous dans de nombreux collèges.
Face à cette situation, certains prônaient le retour à l'orientation dès la fin de la 5ème. Jack Lang ne les a pas suivis, donc le collège pour tous jusqu'à la 3ème sera maintenu. Mais il n'est pas question pour autant de donner les moyens nécessaires pour contrecarrer l'échec scolaire d'une fraction importante des jeunes des milieux populaires.
Pour Jack Lang, le problème serait que les collégiens " s'ennuient ". En conséquence, il leur propose en 5ème et 4ème quelques heures d'" itinéraires de découvertes " qui ont toutes les chances de ne passionner que les meilleurs élèves, c'est-à-dire ceux pour qui il n'y a pas de problème. Quant aux autres, c'est dans les matières où ils sont perdus, le français et les mathématiques, que des enseignants pourraient les remettre à flot, par petits groupes et dans des locaux adaptés, et en y consacrant le temps nécessaire. Mais cela demanderait beaucoup de moyens supplémentaires, ce dont il n'est pas question pour le ministre de l'Éducation.
En revanche, celui-ci n'est pas avare d'appels à la rénovation des pratiques pédagogiques des uns et des autres. À défaut de moyens, cela ne coûte rien de solliciter un peu plus encore le dévouement des personnels.
Grandiloquent, Jack Lang a déclaré à propos de sa réforme du collège : " Dis-moi quel est ton collège et je te dirai quelle société tu prépares ". A défaut de préparer correctement le futur, le collège tel qu'il est aujourd'hui est à l'image d'une société avec ses inégalités sociales que tout comme l'école il est loin de combler, les reproduisant de génération en génération et quelles que soient les réformes sans moyens.